5 idées surprenantes issues de la dernière mise à jour de Motif

Au-delà des fonctionnalités : 5 idées surprenantes issues de la dernière mise à jour de Motif

Les architectes et les designers connaissent bien cette frustration : nos outils de conception de base, bien que puissants, évoluent à un rythme glacial. Pendant que d’autres secteurs bénéficient d’innovations logicielles rapides et agiles, le monde de l’AEC semble souvent coincé dans des cycles de développement lents et rigides. C’est un sentiment d’inertie qui peut freiner la créativité et la collaboration.

Cependant, une jeune entreprise nommée Motif semble adopter une approche radicalement différente. Avec des mises à jour mensuelles rapides basées directement sur les retours des utilisateurs, elle ne se contente pas d’ajouter des fonctionnalités, mais elle repense activement la manière dont les outils devraient fonctionner. Leur récent webinaire a révélé une série de nouveautés, mais au-delà de la simple liste, il y avait des idées sous-jacentes bien plus percutantes.

Cet article ne se contentera pas de lister les nouvelles fonctionnalités. Nous allons plutôt décortiquer les cinq idées les plus surprenantes et les plus révélatrices qui se cachent derrière la dernière version de Motif, et ce qu’elles nous apprennent sur l’avenir potentiel des outils de conception.

Les 5 Idées Clés à Retenir

L’IA qui respecte votre design, pas qui l’hallucine

L’intelligence artificielle générative est partout, mais son application dans l’architecture est souvent un pari risqué. Les outils grand public ont tendance à « halluciner », modifiant la géométrie de base d’un bâtiment et rendant les résultats inutilisables pour un projet réel. L’approche de Motif est rafraîchissante et pragmatique : une IA conçue pour être d’une simplicité désarmante (ce que l’équipe appelle « dead simple »), mais avec une contrainte essentielle.

L’idée la plus contre-intuitive et la plus brillante est que leur IA maintient la géométrie originale du bâtiment. Contrairement aux générateurs d’images qui peuvent produire des visuels séduisants mais architecturalement incohérents, cet outil permet aux architectes d’explorer l’ambiance et les matériaux sans jamais corrompre l’intégrité de la conception. C’est une IA qui sert d’outil d’exploration visuelle, pas un générateur de concepts aléatoires. Comme l’a souligné Matt Jezik, cofondateur de Motif :

« it won’t change your building Like it actually maintains the geometry that you have Doesn’t hallucinate more windows or more floors in your building… »

« [L’IA] ne modifiera pas votre bâtiment. Elle maintient la géométrie que vous avez. Elle n’hallucine pas des fenêtres ou des étages supplémentaires dans votre bâtiment… »

Naviguer dans un bâtiment comme dans un jeu vidéo

Se déplacer de manière fluide dans une maquette 3D complexe a toujours été un défi. Les contrôles traditionnels d’orbite, de panoramique et de zoom sont souvent maladroits et constituent une friction constante dans le flux de travail quotidien. Au lieu de réinventer la roue, l’équipe de Motif a regardé du côté d’un secteur qui a résolu ce problème depuis des décennies : le jeu vidéo.

Ils ont intégré les raccourcis clavier standards de l’industrie du jeu (W, A, S, D) pour la navigation. Cette simple décision rend le déplacement dans une scène 3D instantanément familier et incroyablement efficace. Cela signale un changement plus profond : alors qu’une nouvelle génération d’architectes ayant grandi avec les jeux vidéo entre sur le marché du travail, des contrôles intuitifs de ce type passeront d’une simple commodité à une attente fondamentale.

Quand les plans 2D rencontrent (vraiment) le modèle 3D

La déconnexion entre les documents 2D et les modèles 3D est une source constante d’erreurs et d’incompréhensions. Motif s’attaque à ce problème de front avec son nouveau « Scene Browser ». Un utilisateur peut désormais superposer une feuille 2D, comme un plan d’étage exporté de Revit®, directement dans l’espace 3D. Mais la véritable innovation est la possibilité d’utiliser le plan de cette feuille 2D pour générer une coupe en temps réel à travers le modèle 3D.

C’est un moyen simple et visuel de reconnecter l’abstraction d’un dessin à la réalité spatiale du bâtiment. En rendant la relation entre les plans et le modèle tangible, cette approche a le potentiel de réduire considérablement les erreurs d’interprétation coûteuses sur le chantier qui découlent de jeux de plans déconnectés.

« it’s amazing to me to think about the number of people that don’t quite understand how a drawing set goes together… combining these things together in like a real-time interface on the web feels like a good direction to go in. »

« Je suis toujours étonné de voir le nombre de personnes qui ne comprennent pas vraiment comment un jeu de plans est assemblé… combiner ces éléments dans une interface en temps réel sur le web me semble être une bonne direction à prendre. »

Une collaboration sans barrières (ni licences complexes)

La collaboration dans l’AEC est souvent entravée par des politiques de licences restrictives et des processus d’invitation compliqués. La philosophie de Motif est radicalement plus ouverte. Avec leur nouvelle fonctionnalité « guest access », l’idée est simple : la collaboration doit être inclusive et sans friction. Cet état d’esprit remet directement en question le modèle de licence « par siège » des géants du logiciel, où ajouter un consultant ou un client à un projet peut entraîner des obstacles bureaucratiques et des coûts significatifs.

Ils encouragent les utilisateurs à inviter qui ils veulent dans un projet – clients, consultants externes, ou même, comme le mentionne Matt Jezik avec humour, un ancien colocataire d’université. Bien sûr, des contrôles de sécurité avancés restent disponibles, mais l’approche par défaut est l’ouverture.

« …bring in your external consultants your clients your owner your um you know roommate from sophomore year in college whoever you want just bring them into the system and it should be inclusive… »

« …faites venir vos consultants externes, vos clients, le propriétaire, euh… votre colocataire de deuxième année d’université, qui vous voulez. Amenez-les simplement dans le système, ça doit être inclusif… »

La puissance surprenante du « suffisamment bon »

Dans un secteur habitué à attendre des années pour des fonctionnalités « parfaites », l’approche de développement de Motif est un véritable changement de culture. L’exemple parfait est leur nouvel outil de clipping (une première étape vers un outil de section complet). Ils l’ont lancé sans une fonctionnalité graphique clé : le « Poché » (le remplissage solide là où le modèle est coupé).

Ce n’était pas un oubli, mais un choix délibéré. L’équipe a expliqué vouloir mettre la fonctionnalité de base (« Je veux voir à l’intérieur de mon bâtiment ») entre les mains des utilisateurs le plus rapidement possible pour recueillir des retours. Cette approche agile est l’antithèse des cycles de publication pluriannuels des logiciels traditionnels, où les utilisateurs attendent parfois des années une fonctionnalité qui, à son arrivée, risque de ne pas répondre entièrement à leurs besoins.

Conclusion

En analysant ces mises à jour, il devient clair que l’approche de Motif est moins une question de fonctionnalités individuelles qu’une série de changements fondamentaux dans la manière de penser les outils de conception. Qu’il s’agisse d’une IA qui respecte l’intention du designer, d’une collaboration véritablement ouverte ou d’un développement qui privilégie la vitesse et le retour d’information, chaque nouveauté est le symptôme d’une philosophie plus large.

Ces idées ne sont pas seulement des améliorations techniques ; elles remettent en question des décennies de conventions logicielles dans l’architecture. L’approche de Motif est un défi direct lancé aux géants du logiciel établis. Elle nous oblige, en tant que professionnels, à nous demander si nos outils actuels, avec leur complexité et leur héritage, nous servent réellement ou s’ils nous freinent, nous empêchant d’adopter des méthodes de travail plus rapides, plus simples et plus collaboratives.