AutoCAD, petite histoire d’un grand succès

Un article de Patrice Braud publié dans le premier numéro d’AutoCAD® magazine le 1er avril 1989

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Pour vous qui utilisez quotidiennement AutoCAD®, nous avons relevé quelques chiffres qui permettent de mieux situer la place d’Autodesk® parmi les éditeurs de logiciels, et de mieux comprendre comment AutoCAD® s’est imposé.
Le chiffre d’affaires d’Autodesk® pour l’année 1988 a été de 117.000.000 de dollars, ce qui le place au cinqième rang mondial des éditeurs de logiciels pour micro-ordinateurs derrière Microsoft, Lotus, Ashon­Tate, Wordperfect. La société Autodesk® emploie 500 personnes dont 120 en Recherche et Développement. En 1989 on peut estimer que le nombre total d’AutoCAD® vendus dans le monde est d’environ 250.000 et ce avec une croissance de 5.000 logiciels par mois.

Autodesk®

Cette firme californienne a été fondée en 1982 par 14 programmeurs provenant de 4 pays différents. Ils développèrent 5 programmes dont l’un AutoCAD®, suscita un énorme intérêt au Comdex de Las Végas en 1982. Ils décidèrent alors de concentrer tous leurs efforts sur un seul et unique marché ; la DAO, car on ne parlait pas encore de CAO en ce temps là. L’avenir a montré que leur choix était le bon.
En 1984, Autodesk® vient s’implanter en Europe et ouvre des filiales en Angleterre, Suède et Suisse, pays d’origine de 3 des fondateurs. Très
rapidement, la nécessité d’une traduction du produit est parfaitement ressentie, et ainsi des versions allemandes puis françaises sont réalisées dans le courant de l’année. Simultanément, la norme « DXF » (fichier standard d’échange de dessins : « Drawing eXchange File ») est créée et va devenir un standard international.
Dès l’origine, l’idée de génie des concepteurs fut d’élaborer un logiciel ouvert ; ainsi AutoCAD® acquiert tous ses paramètres de fonctionnement à partir de fichiers textes(ou Ascii). C’est pourquoi tout est définissable ou programmable par l’utilisateur : polices de caractères, types de lignes, hachures, menus déroulants, menus tablettes, programmes externes, aides, macrocommandes, programmes AutoLISP, etc… N’était-ce pas fantastique (ou visionnaire) de choisir à l’époque comme langage de programmation le LISP, un langage orienté « objet » et intelligence artificielle.
Cette intuition remarquable va immédiatement ammener un succès mondial foudroyant. Toujours dans le même esprit en 1985, les versions italiennes et espagnoles sont développées et au même moment au Japon, AutoCAD® est transcrit en Kanji. Depuis cette époque, AutoCAD® est disponible en 6 langues, l’une des raisons majeures de son succès.
Vers la fin de l’année 1986, les fondateurs ressentent le besoin de
préparer l’avenir, c’est à dire la fin des années 80 et donc AutoCAD® alors en version 2.5 est porté sous UNIX sur les stations de travail SUN et APOLLO. En effet, AutoCAD® a été écrit depuis l’origine en langage C, d’où la relative facilité pour implanter sur une nouvelle plate-forme 350.000 lignes de Langage C correspondant à une nouvelle version, soit à peu près 100 années homme de développement.
A l’été 1987, le seuil des 100.000 AutoCAD® vendus est franchi, la version 2.6 apparait et AutoCAD® est porté sur VAXSTATION DEC. A partir de ce moment AutoCAD® couvre avec SUN, APOLLO et DEC environ les 2/3 du marché potentiel de la CAO-DAO sur stations de travail.
Au début de l’année 1988, afin de préparer le terrain, la version 9, c’est à dire la neuvième version du logiciel depuis sa création en 1982, est présentée et apporte notemment un « look » à la Macintosh au niveau de l’interface avec l’utilisateur. Il faut noter que cette remarquable réalisation a été implantée sans l’apport de couche logiciel supplémentaire comme WINDOWS ou GEM.
A la fin de 1988, Autodesk® est particulièrement fier de sortir la version 10 d’AutoCAD® et notamment sur Macintosh II Apple. Ainsi Autodesk® peut légitimement espérer obtenir le même succès sur Mac que sur PC. Il sera désormais possible sur votre Macintosh II d’utiliser le standard industriel des logiciels de CAO-DAO.
AutoCAD®
On peut rappeler brièvement quelques dates importantes concernant les fonctionnalités apportées pour chaque nouvelle version d’AutoCAD®. Les vrais débuts d’AutoCAD® en France remontent à la fin 1984 avec l’apparition de la version 2.0 en français, c’est à dire manuels. messages et commandes entièrement traduits. A l’époque, la machine de référence était un IBM XT avec une carte Hercules et le chargement du fameux dessin représentant la navette Colombia qui demandait quelques minutes. Depuis les temps ont heureusement bien changé…

Printemps 1986: AutoCAD® version 2.1 – Introduction de la 2.5D filaire, (élévation et hauteur des objets : extrusion), élimination des lignes cachées, POLYLIGNE et début du célèbre langage de programmation AutoLISP.
Fin 1986: AutoCAD® version 2.5 -Implantation de toutes les supers commandes d’édition 2D : ROTATION, ECHELLE, PROLONGER, AJUSTER, ETIRER, MESURER, DIVISER, DECALER, DECOMPO
SER. Apparition de nouvelles entités : POLYGONE, ELLIPSE, ANNEAU, TXTDYN, du convertisseur IGES, ainsi que de l’interpréteur AutoLISP complet. Sortie d’AutoCAD® sur stations de travail SUN et APOLLO.
Automne 1987: AutoCAD® version 2.6 – Débuts de la 3D filaire : entités 3DLIGNE et 3DFACE, cotation associative et commandes transparentes : ‘ZOOM, ‘PAN, ‘VUES. Routines AutoLISP 3D : sphères, hémisphère, cone, pyramide, tore, surface de révolution, maillage, réseau, rotation 3D. Sortie d’AutoCAD® sur VAX-SRATION DEC.
Printemps 1988: AutoCAD® version 9 – Nouvel interface utilisateur, un
look à la Macintosh programmable : barres de menus déroulants, icones, cases de dialogue. SPLINES, attributs prédéfinis et 20 nouvelles polices de caractères. Compatibilité totale de tous les fichiers Ascii et binaires sur tout matériel. Sortie des logiciels complémentaires AUTOSHADE et AUTOFLIX.
Fin 1988: AutoCAD® version 10 – Multi-fenêtrage, toutes les entités 2D adressables dans n’importe quel plan XYZ, entités 3D filaires et surfaciques, évolution dynamique 3D, etc… Toutes les nouvelles fonctionnalités de cette version 10 sont développées dans l’article consacré à ce sujet.

Patrice BRAUD