Blender Bonsai BIM : 5 révélations surprenantes sur l'outil qui réinvente l'openBIM

1.0 Introduction : Au-delà du BIM gratuit

[!Success] Débat contradictoire

Quand on pense aux logiciels BIM, les mêmes mots viennent souvent à l’esprit : complexes, coûteux et propriétaires. L’industrie AEC s’est longtemps appuyée sur des écosystèmes logiciels fermés qui, bien que puissants, créent des silos de données et des barrières à l’entrée. C’est dans ce contexte qu’émergent des alternatives open-source, souvent perçues comme de simples copies gratuites des outils établis.

Pourtant, Bonsai (anciennement connu sous le nom de BlenderBIM) est bien plus qu’une alternative gratuite. Il s’agit d’un projet bâti sur une philosophie fondamentalement différente de la gestion de l’information dans la construction, qui défie directement les modèles économiques des éditeurs de logiciels propriétaires. Intégré à l’environnement de modélisation 3D Blender et propulsé par la bibliothèque open-source IfcOpenShell, Bonsai ne cherche pas à imiter les logiciels traditionnels, mais à repenser la manière dont nous interagissons avec les données BIM.

Cet article vous propose de découvrir cinq des aspects les plus surprenants et puissants de Bonsai. Cinq révélations qui démontrent pourquoi cet outil n’est pas seulement un choix viable, mais une véritable révolution pour l’avenir de l’openBIM.

2.0 Idée 1: L’IFC n’est pas une simple exportation, c’est le format natif

Dans la plupart des logiciels BIM traditionnels, le format IFC (Industry Foundation Classes) est traité comme une destination finale. On travaille dans un format propriétaire, puis on « exporte vers l’IFC » pour partager le modèle avec d’autres disciplines. Ce processus est souvent synonyme de perte de données, d’erreurs d’interprétation et de frustrations, transformant l’interopérabilité promise en un véritable parcours du combattant.

Bonsai renverse complètement ce paradigme avec le concept d’IFC natif. Ici, l’IFC n’est pas une option d’exportation, mais le format de travail principal et direct. Dès que vous créez un mur, une dalle ou une fenêtre dans Bonsai, vous éditez directement un fichier .ifc. Il n’y a aucune étape de conversion. Chaque workflow traditionnel crée une « copie numérique avec des erreurs de traduction », alors que Bonsai garantit que vous travaillez toujours avec le « document maître original ».

Ce changement philosophique est un véritable tour de force pour l’openBIM. Il replace la souveraineté des données et la confiance au cœur du processus. En éliminant l’étape d’exportation, Bonsai garantit une fidélité totale des données et signifie que c’est l’utilisateur, et non l’éditeur de logiciel, qui contrôle véritablement ses informations dans un format transparent et standardisé.

3.0 Idée 2: Il se transforme en un véritable modeleur solide

Les vétérans de Blender savent que son cœur historique est la modélisation polygonale (mesh-based), parfaite pour l’animation et les effets visuels, mais souvent moins intuitive pour l’architecture. Bonsai a radicalement changé la donne en intégrant de véritables capacités de modélisation solide.

Grâce à des fonctionnalités comme l’ajout direct d’éléments IFC (« Direct IFC element adding ») et un nouveau mode d’édition d’items, les utilisateurs peuvent désormais créer des géométries à l’aide d’extrusions et d’opérations booléennes complexes (unions, intersections, soustractions), avec la possibilité d’inspecter la hiérarchie complète des opérations. Ce développement est si fondamental qu’il a été décrit en ces termes dans les notes de la version 0.8.1, soulignant sa similarité avec des plateformes bien connues :

« This completely transforms Blender from a pure-mesh-only editing tool with only rudimentary non-mesh modeling, into a fledgling truly native solid modeler similar to the modeling paradigm in software like FreeCAD (and Revit®, ArchiCAD, Tekla, etc). »

Pour les architectes et ingénieurs habitués aux outils de CAO et de BIM traditionnels, cette évolution est majeure. Elle rend Bonsai non seulement plus accessible, mais aussi beaucoup plus puissant pour la création de géométries architecturales précises et intelligentes.

4.0 Idée 3: Vos données sont une base de données interrogeable, pas une boîte noire

Un modèle BIM ne prend sa pleine valeur que par l’information qu’il contient. Bonsai libère enfin la puissance du « I » de BIM en transformant chaque fichier IFC en une base de données entièrement accessible et interrogeable directement depuis son interface, plutôt qu’en une « boîte noire » graphique.

Prenons un exemple concret : la création d’un tableau de portes détaillé. Grâce à l’outil de tableur intégré, un utilisateur peut construire une requête précise pour extraire exactement les informations dont il a besoin. Le processus est d’une puissance redoutable :

  • Filtrer par classe : Vous pouvez commencer par cibler uniquement les objets de la classe IFC Door.
  • Extraire des propriétés spécifiques : Vous voulez la résistance au feu ? Il suffit d’interroger la propriété Pset_DoorCommon.FireRating.
  • Grouper et compter : L’outil permet de regrouper les portes par type (par exemple, « D01 », « D02 ») et de compter automatiquement le nombre d’occurrences. Il suffit d’ajouter .count à la fin d’une requête (par exemple, "IFC Door Information"."Type Mark".count) pour obtenir un décompte agrégé.

Cette approche donne aux utilisateurs le pouvoir de créer des nomenclatures, des rapports et des analyses de données personnalisés sans jamais quitter leur environnement de modélisation. Vos données vous appartiennent, et Bonsai vous donne les clés pour y accéder librement.

5.0 Idée 4: Il faut parfois « désapprendre » Blender pour l’utiliser

L’un des aspects les plus contre-intuitifs mais aussi les plus révélateurs de Bonsai est qu’il possède sa propre logique d’interface, qui supplante parfois les habitudes des utilisateurs de Blender. Le secret est de comprendre que l’on navigue entre deux paradigmes coexistants : l’interface utilisateur de Blender et l’interface utilisateur de Bonsai.

Un exemple parfait illustre ce point : l’ajout de propriétés personnalisées à l’entité IFC Project. Un utilisateur novice pourrait instinctivement cliquer sur la collection « IFC Project » dans l’Outliner standard de Blender. Cependant, cette action ne sélectionne rien, car l’Outliner gère des collections de scènes selon les règles de Blender, pas des classes IFC abstraites.

La « méthode Bonsai » est différente. Il faut utiliser le panneau dédié « Spatial Manager » de l’interface Bonsai, sélectionner la ligne IFC Project, puis cliquer sur le bouton « select container ». Cette action charge alors toutes les propriétés de l’entité IFC Project dans le panneau d’information. Cet exemple démontre que Bonsai n’est pas un simple placage sur Blender, mais un environnement de travail complet avec sa propre logique, conçue spécifiquement pour la manipulation de données IFC.

6.0 Idée 5: Il voyage dans le temps entre les versions d’IFC

L’interopérabilité dans l’industrie AEC est un goulot d’étranglement critique et coûteux, souvent compliqué par la coexistence de différentes versions du schéma IFC. Un partenaire travaille en IFC 2x3, tandis qu’un autre exige des fichiers en IFC 4.0. Gérer ces conversions peut être une source de maux de tête.

Bonsai offre une solution à ce problème qui s’apparente à un véritable traducteur universel pour le BIM. Il est capable de convertir des fichiers IFC d’une version de schéma à une autre, agissant comme un pont entre les générations de projets. Vous avez un ancien fichier en IFC 2x3 ? Lorsque vous l’ouvrez, un simple bouton « Upgrade » vous propose de le convertir automatiquement en IFC 4.0. Le processus inverse est également possible : via une « recette » de patch nommée « Migrate », vous pouvez rétrograder un fichier IFC 4.0 en IFC 2x3.

Il est important de noter que la rétrogradation est un processus moins fiable que la mise à niveau et peut entraîner une perte de données, notamment pour les concepts qui n’existaient pas dans les anciennes versions du schéma. Néanmoins, cette capacité à « voyager dans le temps » entre les versions d’IFC est un outil pragmatique et extrêmement précieux pour résoudre les défis d’interopérabilité concrets du quotidien.

7.0 Une nouvelle philosophie pour le BIM

Ces cinq révélations ne sont qu’un aperçu de ce qui rend Bonsai si différent. Plus qu’un simple logiciel de modélisation, il incarne une philosophie où les données sont ouvertes, accessibles et natives, ce qui libère les équipes des verrous propriétaires et favorise une innovation sans précédent. Il prouve que l’openBIM n’est pas une contrainte, mais une opportunité pour construire des flux de travail plus flexibles, plus transparents et, en fin de compte, plus puissants.

Bonsai remet en question le statu quo et montre qu’une autre vision du BIM est possible : une vision où les standards ouverts ne sont pas une réflexion après coup, mais le fondement même du processus de conception et de construction.

Démystifier la Modélisation dans Bonsai : Les Concepts Fondamentaux

Introduction : Qu’est-ce que Bonsai ?

Bonsai (anciennement connu sous le nom de BlenderBIM) est un add-on open-source pour le logiciel de modélisation 3D Blender. Construit sur la puissante bibliothèque open-source IfcOpenShell, le moteur géométrique qui sous-tend ses capacités, il transforme Blender en un véritable outil de modélisation d’informations du bâtiment (BIM). Sa particularité fondamentale est de travailler en format IFC natif. Cela signifie que vous ne modélisez pas dans un format propriétaire pour ensuite exporter vers l’IFC ; vous éditez directement le standard ouvert du BIM. Cette approche représente un changement de paradigme : avec Bonsai, le fichier .ifc est votre fichier de projet, et non un simple instantané temporaire destiné à la coordination. Il en résulte une interopérabilité totale, éliminant les pertes de données typiques des processus d’exportation.


1. La Fondation de Votre Modèle : La Hiérarchie Spatiale IFC

1.1. Comprendre la Structure d’un Projet BIM

La hiérarchie spatiale, ou décomposition spatiale, est l’organisation logique de votre modèle BIM. Elle fonctionne comme une arborescence qui structure le projet, du plus général au plus spécifique. Pensez-y comme à l’adresse postale d’un bâtiment : on commence par le site, puis le bâtiment lui-même, et enfin les étages. Dans Bonsai, cette structure respecte rigoureusement le schéma IFC.

La structure hiérarchique correcte est la suivante :

  • IfcProject : Le conteneur global du projet.
  • IfcSite : Le site sur lequel le projet est construit.
  • IfcBuilding : Le bâtiment lui-même.
  • IfcBuildingStorey : Les différents étages du bâtiment (par exemple, « Rez-de-chaussée », « Premier étage »).

1.2. L’Importance de la Vue Bonsai vs. la Vue Blender

Une source de confusion fréquente pour les nouveaux utilisateurs est la différence entre l’arborescence des collections de Blender et la vue hiérarchique de Bonsai. Il est impératif de s’appuyer sur l’interface de Bonsai pour toute opération liée à la structure BIM.

L’interface de Bonsai présente la décomposition spatiale correcte selon le schéma IFC. À l’inverse, l’arborescence de Blender peut afficher ces éléments au même niveau, ne reflétant pas leur relation hiérarchique. La raison de cette distinction est cruciale : des éléments comme IfcProject ou IfcSite sont des conteneurs spatiaux et non des objets géométriques que l’on peut sélectionner dans la vue 3D. Pour éditer leurs propriétés, il faut donc suivre une procédure spécifique :

  1. Sélectionnez l’élément (par ex., My Project) dans la hiérarchie de Bonsai.
  2. Cliquez sur l’icône carrée « Select Container » pour charger ses informations dans le panneau des propriétés.

Cette étape est obligatoire pour pouvoir modifier les attributs des éléments spatiaux non géométriques.

1.3. Exemple Pratique : La Création des Niveaux

L’importance de cette hiérarchie est évidente lors de la création d’éléments structurels. Pour ajouter des étages (IfcBuildingStorey) à un bâtiment (IfcBuilding), la méthode la plus fiable est la suivante :

  1. Sélectionnez le bâtiment parent (par exemple, « My Building ») dans l’arborescence de l’outliner de Bonsai.
  2. Dans le panneau Propriétés, sous l’onglet Information d’Objet (Object Information), utilisez la fonction « Add Building Story ».
  3. Nommez le nouvel étage et définissez son élévation.

Cette action garantit que le nouvel étage est correctement rattaché à son parent « My Building », respectant ainsi la logique du modèle BIM.

Maintenant que la structure du modèle (le « où ») est comprise, il est temps d’explorer les outils qui permettent de manipuler la géométrie avec précision (le « comment »).


2. Les Outils de Précision : Maîtriser les Transformations

Pour modéliser avec la précision requise dans un projet BIM, il est essentiel de comprendre comment Bonsai et Blender contrôlent l’orientation et le point central des manipulations d’objets. Deux concepts sont au cœur de ce contrôle : l’orientation et le point de pivot de la transformation.

2.1. L’Orientation de la Transformation (Transformation Orientation)

L’Orientation de la Transformation définit le système de coordonnées (les axes X, Y, Z) que suivront vos actions de déplacement, de rotation ou de mise à l’échelle. Les deux modes principaux sont les suivants :

Mode Description Cas d’Usage Principal
Global Les axes de manipulation (X, Y, Z) sont alignés sur les axes du monde (l’espace de travail général). Utile pour les déplacements standards dans la scène.
Local Les axes de manipulation (X, Y, Z) sont alignés sur les axes propres de l’objet sélectionné. Indispensable pour déplacer ou étirer un objet qui a été tourné, en suivant sa propre orientation.

Exemple pratique : Imaginez que vous avez une grille d’axes et que vous faites pivoter certains de ses axes de -5 degrés. Si vous essayez d’allonger ces axes en mode Global en sélectionnant leurs sommets et en utilisant les commandes de déplacement contraint (par ex., G puis X), le mouvement ne suivra pas l’angle de la grille et déformera sa géométrie. En basculant l’orientation en mode Local, les axes de manipulation s’alignent sur l’orientation de la grille. La même commande de déplacement sur l’axe X local (G puis X) permettra alors d’étirer les axes en respectant parfaitement leur nouvel angle.

2.2. Le Point de Pivot de la Transformation (Transformation Pivot Point)

Le Point de Pivot de la Transformation est le point central de référence autour duquel s’effectuent les opérations de rotation et de mise à l’échelle.

Voici les deux options les plus importantes :

  • Median Point (Point Médian) : Le pivot est calculé comme étant le centre moyen de tous les éléments (sommets, arêtes, objets) que vous avez sélectionnés.
  • 3D Cursor (Curseur 3D) : Le pivot est défini par l’emplacement exact du Curseur 3D dans votre scène.

Exemple pratique : Supposons que vous ayez plusieurs axes de grille de longueurs différentes et que vous souhaitiez les aligner parfaitement sur l’extrémité de l’axe le plus long.

  1. Le problème : Si vous sélectionnez les sommets de tous les axes et que vous les mettez à l’échelle à zéro sur l’axe X (S > X > 0) avec le point de pivot réglé sur Median Point, tous les sommets convergeront vers un point moyen, quelque part entre leurs positions initiales. Ce n’est pas le résultat souhaité.
  2. La solution : Pour y remédier, la méthode professionnelle est la suivante :
  3. En mode édition, sélectionnez le sommet qui servira de cible d’alignement.
  4. Déplacez-y le Curseur 3D avec le raccourci Maj + S et choisissez Curseur vers la sélection.
  5. Changez le point de pivot de la transformation pour 3D Cursor.
  6. Sélectionnez à nouveau tous les sommets à aligner et exécutez l’opération de mise à l’échelle à zéro : S > X > 0.

Cette fois, tous les sommets s’aligneront parfaitement sur la position du Curseur 3D. Cette technique illustre que le Curseur 3D n’est pas un simple gadget, mais un pilier fondamental de la modélisation de précision dans l’environnement Blender, essentiel pour d’innombrables opérations avancées.

Ces deux outils, l’orientation et le pivot, vous offrent un contrôle total sur la manipulation de la géométrie, ce qui est indispensable pour un travail de modélisation précis.


3. Synthèse : Comment Ces Concepts S’articulent

Ces trois concepts fondamentaux — la hiérarchie spatiale, l’orientation et le point de pivot — fonctionnent ensemble pour vous permettre de créer des modèles BIM cohérents et précis. On peut les résumer avec une analogie simple :

  • La Hiérarchie Spatiale IFC peut être assimilée à l’adresse d’une maison (pays, ville, rue, numéro de bâtiment, étage). Elle définit chaque élément se situe de manière logique et structurée dans l’ensemble du projet.
  • L’Orientation de la Transformation s’apparente à un GPS qui vous donne des directions. Le mode Global vous dit d’aller « vers le nord », tandis que le mode Local vous dit « d’aller tout droit devant vous », même si vous ne faites pas face au nord.
  • Le Point de Pivot de la Transformation représente le point de référence pour une manœuvre. C’est la différence entre « faire demi-tour au milieu du carrefour » (Median Point) et « faire le tour du lampadaire » (3D Cursor).

La maîtrise de ces principes n’est pas une simple étape technique ; elle est le fondement d’une pratique BIM rigoureuse et professionnelle sur Bonsai.