Les nouvelles redevances imposées par Dassault Systèmes ne passent pas

L’article de WorldCAD Access décrit la forte réaction négative des développeurs tiers de Solidworks face aux nouvelles redevances imposées par Dassault Systèmes, qui exigent désormais un pourcentage de leurs revenus, pouvant aller jusqu’à 10 %, sans offre de services supplémentaires.

Les développeurs et les observateurs de l’industrie ont exprimé leur indignation, qualifiant cette décision d’« arrogance » et de tentative de prise d’argent qui nuira à la communauté, notamment aux créateurs d’outils gratuits, et beaucoup suggèrent de changer de plateforme ou de créer un clone open-source.

Le PDG de Solidworks a initialement justifié les frais en tant que moyen de « faire passer le programme au niveau supérieur », mais a ensuite fait des concessions, notamment en reportant l’application complète et en offrant un rabais pour la première année. L’auteur de l’article suggère que cette tentative d’augmentation des revenus provient de la maturité du marché de la CAO et de la frustration de Dassault Systèmes face au refus des utilisateurs de Solidworks de passer à leur plateforme 3DExperience, plus coûteuse.

Controverse Solidworks : 5 Points Clés sur les Nouveaux Frais Imposés aux Développeurs

L’écosystème de développeurs tiers est le moteur d’innovation de nombreuses plateformes logicielles, et Solidworks ne fait pas exception. Cependant, une décision récente de Dassault Systèmes d’imposer de nouveaux frais à ces partenaires a déclenché une vague de protestations au sein de la communauté. Cet article décortique la situation en cinq points clés pour comprendre les enjeux et les implications de cette controverse.

Controverse SolidWorks : 5 points clés sur les nouveaux frais imposés aux développeurs

L’écosystème des développeurs tiers est un pilier de l’innovation pour de nombreuses plateformes logicielles, et SolidWorks n’y échappe pas. Pourtant, la récente décision de Dassault Systèmes d’instaurer de nouveaux frais pour ces partenaires a suscité une vague de mécontentement au sein de la communauté. Voici cinq points essentiels pour comprendre les enjeux et les conséquences de cette polémique.

1. Une taxe sur le chiffre d’affaires, pas sur les bénéfices

La nouvelle grille tarifaire est claire, mais brutale : il s’agit d’une redevance de 10 % sur le chiffre d’affaires des développeurs, et non sur leurs bénéfices. Comme le souligne Arthur Emig, cette nuance est déterminante. Pour un développeur affichant une marge de 15 %, une telle taxe réduirait ses profits des deux tiers. Pour ceux dont la marge est inférieure ou égale à 10 %, cette mesure devient tout simplement insoutenable sur le plan économique.

Peter Brinkhuis, de CAD Booster, résume l’indignation générale : « Dès l’année prochaine, nous devrons communiquer nos chiffres de vente (non, nous sommes une entreprise indépendante), déclarer nos revenus par produit (encore une fois, hors de question), et surtout verser 10 % de nos revenus à Dassault. En échange ? Rien. Pas d’App Store, pas de contrepartie. Juste une ponction unilatérale. »

2. Les outils gratuits menacés

La politique ne se limite pas aux ventes : elle frappe aussi les logiciels gratuits. Selon Artem Taturevych, les versions communautaires ou express sont désormais soumises à une « redevance par poste»

3. Le symptôme d’un marché en panne d’innovation

Pour comprendre cette décision, il faut analyser l’état du marché de la CAO, qualifié de « moribond » par l’analyste Ralph Grabowski. Dans un secteur mature où les opportunités de croissance se raréfient, les éditeurs cotés en Bourse n’ont souvent d’autre choix que d’augmenter les tarifs pour une base d’utilisateurs captive. Keith Rice résume le sentiment de la communauté : « Exiger des développeurs qu’ils financent l’amélioration de votre produit, c’est l’apogée de l’arrogance. Cela revient à dire : ‘Nos profits baissent, pressurisons notre écosystème pour en tirer davantage.’ »

4. Des concessions arrachées sous la pression

Face à la fronde, Dassault Systèmes a dû reculer… partiellement. Le PDG de SolidWorks avait d’abord justifié ces frais en évoquant un « réservoir de revenus inexploité ». Sous la pression, des ajustements ont été annoncés :

  • Exonération des 10 000 premiers dollars de redevances (soit un seuil à 100 000 $ de chiffre d’affaires).
  • Aucune redevance en 2026, puis une réduction de 50 % en 2027.
  • Report de six mois pour les obligations de déclaration.

Des aménagements qui atténuent temporairement la mesure, sans remettre en cause son principe : une taxe de 10 % sur le chiffre d’affaires.

5. Le verrouillage des utilisateurs, clé de voûte de la stratégie

Cette politique s’appuie sur un phénomène bien connu : l’effet de verrouillage (user lock-in). Contrairement à des secteurs comme la banque ou la téléphonie, migrer vers une autre solution de CAO est complexe et coûteux. Les utilisateurs sont liés à SolidWorks par des années d’intégration, de compléments tiers, de formats propriétaires et d’exigences clients. Ralph Grabowski y voit aussi une réponse à l’échec de Dassault à migrer massivement ses utilisateurs vers sa plateforme 3DEXPERIENCE, plus onéreuse. Cette taxe serait donc une nouvelle tentative de monétiser une base captive.

Conclusion : un pari risqué

Cette controverse illustre le conflit entre les impératifs financiers d’un géant du logiciel et la vitalité de son écosystème de développeurs. Rassault Systèmes mise sur le verrouillage de ses utilisateurs pour imposer sa stratégie. Mais cette manœuvre pourrait bien accélérer l’exode des talents qui ont fait la richesse de SolidWorks.