Standards de la norme ISO 19650 de l'OpenBIM

L’ISO 19650 représente une révolution dans la gestion de l’information du secteur de la construction, établissant un cadre standardisé international pour l’implémentation du Building Information Modeling (BIM) tout au long du cycle de vie des actifs construits. Cette norme internationale, qui englobe l’organisation et la numérisation des informations relatives aux bâtiments et ouvrages de génie civil, constitue le fondement des pratiques OpenBIM modernes12. En s’appuyant sur les standards buildingSMART et en promouvant l’interopérabilité des données, l’ISO 19650 transforme fondamentalement la façon dont les professionnels de l’architecture, de l’ingénierie, de la construction et de l’exploitation (AECO) collaborent et gèrent l’information46. Cette standardisation favorise une approche collaborative optimisée, garantit la qualité des processus digitaux et facilite l’échange d’informations entre les différents acteurs d’un projet, depuis sa conception jusqu’à sa maintenance et exploitation.

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Définition et Portée de l’ISO 19650

La norme ISO 19650, officiellement intitulée « Organisation de l’information de la construction – Gestion de l’information utilisant la modélisation de l’information de la construction », constitue un standard international qui régule la gestion de l’information sur tout le cycle de vie d’un actif en utilisant le Building Information Modeling (BIM)1. Cette norme définit les processus collaboratifs pour la gestion efficace des informations pendant les phases de livraison et d’exploitation des actifs construits. Elle a été initialement introduite pour fomenter un langage commun basé sur le BIM et encourager les professionnels du secteur AECO à implémenter la méthodologie dans leurs processus1.

L’ISO 19650 résulte des normes PAS[1] britanniques, notamment les PAS 1192-2:2013, avec des références également à la PAS 1192-3:2014, et a été créée pour unifier le cadre réglementaire et garantir une coopération internationale optimale dans l’industrie de la construction1. La norme est conçue pour aider à garantir la cohérence et la qualité dans l’utilisation du BIM entre différentes organisations et tout au long du processus de construction2. Elle fournit des directives pour l’organisation et la gestion de l’information, incluant la création, le partage et l’utilisation de modèles numériques et autres données.

Cette norme s’adresse à une large gamme d’acteurs dans l’industrie de la construction, incluant les propriétaires, concepteurs, entrepreneurs et gestionnaires d’installations2. Les acteurs concernés comprennent ceux impliqués dans les phases de projet, réalisation et exploitation de l’actif, ainsi que ceux qui s’occupent du management et de la maintenance des actifs terminés1. L’objectif global de l’ISO 19650 est de promouvoir des processus de construction plus efficaces et efficaces, en améliorant la gestion et l’utilisation des informations numériques.

Structure et Parties de la Norme ISO 19650

Organisation des Cinq Parties

L’ISO 19650 se compose de cinq parties distinctes, chacune abordant des aspects spécifiques de la gestion de l’information BIM1. La Partie 1 établit les concepts et principes généraux, constituant le fondement théorique de la norme. Cette partie définit notamment le cycle de vie de l’actif construit, période qui va depuis la conception jusqu’à l’exploitation et maintenance de l’actif, ainsi que la modélisation d’informations de construction (BIM) comme un modèle numérique collaboratif contenant des informations précises et actualisées sur les caractéristiques physiques et fonctionnelles d’un actif construit2.

La Partie 2 se concentre sur la phase de livraison des actifs, établissant les processus de livraison d’actifs de construction utilisant le BIM2. Cette partie définit les exigences pour la livraison d’informations et de documentation pour soutenir l’exploitation et maintenance des actifs construits. Elle détaille les processus depuis l’évaluation des besoins jusqu’à la production collaborative d’informations, en passant par l’invitation à soumissionner, la réponse d’appel d’offres, la nomination et la mobilisation4.

La Partie 3 traite des processus de développement et gestion de l’information pendant la phase de construction1. La Partie 4 aborde spécifiquement l’échange d’informations, établissant les protocoles et standards pour le transfert de données entre les différentes parties prenantes3. Enfin, la Partie 5 définit les exigences de sécurité de l’information, aspect crucial dans un environnement numérique collaboratif.

Implémentation Progressive et Adoption Internationale

Les parties 1 et 2 ont été adoptées en décembre 2018, marquant le début de l’implémentation officielle de la norme1. Au cours de 2019, selon les procédures établies par le Vienna Agreement, la norme est devenue un standard européen (EN) et national pour chaque état membre. Cette adoption progressive témoigne de l’importance accordée à la standardisation des processus BIM à l’échelle internationale.

Au Brésil, la norme a été adaptée sous la forme de la NBR ISO 19650, une norme technique brésilienne qui établit les exigences pour la gestion de l’information tout au long du cycle de vie d’un projet de construction2. Cette adaptation nationale illustre l’effort global de standardisation et d’harmonisation des pratiques BIM à travers le monde. La NBR ISO 19650 est composée de directives pour le management d’informations de construction (BIM) tout au long du cycle de vie d’un actif construit, ces directives étant divisées en deux parties principales correspondant aux parties 1 et 2 de la norme internationale.

Standards buildingSMART et Intégration avec l’ISO 19650

Fondements de l’Interopérabilité

BuildingSMART International constitue une organisation mondiale qui drive la transformation de l’économie des actifs construits grâce à la création et adoption de standards ouverts internationaux pour l’échange interopérable de données7. Ces standards sont communément connus sous le nom de standards OpenBIM pour la modélisation et gestion d’informations de construction. Ces standards ouverts sont par définition ouverts à l’utilisation par quiconque et librement disponibles pour tous les membres de la communauté de construction dans toute partie du monde7.

L’organisation buildingSMART a été constituée en 2004, bien que le travail ait commencé en 1996 et ait déjà mené à l’établissement d’un ensemble de cinq blocs de construction cruciaux comme standards industriels internationaux, dont certains ont été adoptés par l’ISO et par le CEN en Europe7. Ces standards couvrent les exigences de base pour les bâtiments, et il y a actuellement un intérêt significatif nouveau dans le développement de ces standards de base pour les appliquer aux infrastructures telles que les routes et chemins de fer.

Standards Techniques buildingSMART

La bibliothèque de standards buildingSMART comprend plusieurs composants essentiels qui soutiennent l’implémentation de l’ISO 196506. Les standards IFC ISO (ISO 16739-1) constituent le fondement de l’échange de données, tandis que les spécifications IFC fournissent les détails techniques nécessaires. Le BIM Collaboration Format XML (S1005) et l’API BIM Collaboration Format (S1006) facilitent la collaboration entre équipes, éléments cruciaux pour les processus définis dans l’ISO 19650.

Les Foundation API et Documents API offrent des interfaces de programmation standardisées pour l’intégration des systèmes, tandis que les vues de référence IFC4 et les vues de coordination IFC2x3 définissent des sous-ensembles spécifiques du schéma IFC pour des utilisations particulières6. Ces standards techniques permettent l’implémentation concrète des principes établis par l’ISO 19650.

Synergie entre buildingSMART et ISO 19650

Les solutions buildingSMART soutiennent la conformité à la série ISO 196504. Pour l’ISO 19650-2, cette synergie se manifeste à travers plusieurs exemples concrets : l’établissement des exigences d’information du projet peut utiliser le schéma IFC pour structurer ces exigences de manière interprétable et testable par machine. L’établissement du standard d’information du projet peut référencer les MVD (Model View Definitions), dont un exemple est COBie 2.44.

Les méthodes et procédures de production d’information du projet peuvent utiliser les IDM (Information Delivery Manuals) pour articuler les méthodes et procédures4. Les ressources de référence et ressources partagées du projet peuvent être le schéma IFC lui-même, ou l’information du projet partagée comme jeux de données IFC. Cette intégration technique assure une cohérence entre les standards internationaux et leur implémentation pratique.

Environnement Commun de Données et Collaboration

Concept de CDE selon l’ISO 19650

L’Environnement Commun de Données (CDE - Common Data Environment) représente l’un des concepts fondamentaux de l’ISO 196505. La norme ISO 19650-1, dans son chapitre 12, est claire concernant la nécessité de disposer d’une "source accordée d’information pour chaque actif ou projet"5. Cette source accordée d’information doit être facilement accessible pour tous les collaborateurs et doit réunir, gérer et répartir chaque conteneur d’information à travers une procédure établie.

Le CDE constitue l’épine dorsale de la collaboration BIM, permettant aux différentes parties prenantes d’accéder aux informations nécessaires de manière contrôlée et sécurisée. Il facilite la coordination entre les équipes en fournissant une vision unifiée de l’état du projet à tout moment. Cette centralisation de l’information élimine les risques d’incohérences et de versions multiples de documents, problèmes récurrents dans les approches traditionnelles de gestion de projet.

États de l’Information et Workflow

Le CDE organise l’information selon différents états clairement définis5. L’état de travail en cours (WIP - Work in Progress) représente l’information en développement, accessible uniquement à l’équipe responsable de sa création. Cette information peut fonctionner comme fichiers locaux privés ou, selon les exigences de sécurité et confidentialité, être custodié dans un dépôt commun accordé.

L’état partagé (S - Shared) constitue la source accordée d’information qui peut être consultée par toutes les parties (collaborateurs du projet) pour coordination et validation potentielle5. Une fois validées, chaque contribution passe à former partie d’un nouveau conteneur d’information d’état approuvé. Cette progression structurée assure la qualité et la traçabilité de l’information tout au long du processus de développement du projet.

Technologies de Support

Les plateformes technologiques modernes, comme BIMserver.center, incarnent ces principes en habilitant un espace de stockage partagé dans le cloud pour le développement collaboratif de projets5. Ces plateformes permettent de développer les travaux de forme collaborative, naturelle et simple, en représentant le projet comme la source accordée d’information dans son état partagé.

L’intégration de technologies comme le BCF (BIM Collaboration Format) facilite l’échange d’informations relatives aux problèmes tout au long du processus de conception4. Cette technologie permet la communication efficace des questions, commentaires et modifications nécessaires entre les différentes disciplines et parties prenantes du projet, maintenant ainsi la cohérence et la qualité de l’information échangée.

Processus de Certification et Implémentation

Cadre Méthodologique d’Implémentation

L’implémentation de l’ISO 19650 suit un cadre méthodologique structuré qui guide les organisations dans l’adoption des pratiques BIM standardisées1. Ce processus commence par l’évaluation des besoins organisationnels et la définition des objectifs spécifiques à atteindre through l’adoption de la norme. Les organisations doivent établir une compréhension claire des concepts fondamentaux, incluant la gestion du cycle de vie des actifs et les principes de collaboration numérique.

La formation des équipes constitue un élément crucial de l’implémentation réussie. Les professionnels doivent acquérir une maîtrise des concepts BIM, des processus collaboratifs et des outils technologiques nécessaires pour opérer dans un environnement conforme à l’ISO 196502. Cette formation doit couvrir non seulement les aspects techniques mais aussi les changements organisationnels et culturels nécessaires pour optimiser les bénéfices de la standardisation.

Processus de Certification

Bien que les sources ne détaillent pas explicitement les processus de certification spécifiques, l’obtention de la certification ISO nécessite généralement une évaluation par des organismes accrédités1. Ces organismes évaluent la conformité des processus organisationnels aux exigences de la norme, incluant la mise en place d’environnements communs de données, l’adoption de standards d’échange d’information et l’implémentation de procédures de gestion de la qualité.

Le processus de certification implique également la démonstration de la capacité organisationnelle à maintenir la conformité dans le temps. Cela inclut l’établissement de systèmes de surveillance et d’amélioration continue des processus BIM, ainsi que la formation continue des équipes pour s’adapter aux évolutions technologiques et normatives.

Validation et Contrôle Qualité

La méthodologie de vérification de la qualité de l’information peut être décrite comme un IDM (Information Delivery Manual)4. L’utilisation du schéma IFC et/ou des IDM peut également soutenir l’automatisation partielle de cette activité à travers l’établissement de vérifications basées sur des règles. Ces règles peuvent tester l’information contre les MVD (Model View Definitions) pertinents, assurant ainsi la conformité et la qualité des livrables.

Les systèmes de test et validation permettent une vérification mesurable et testable de la méthodologie et du mécanisme de livraison4. Cette approche systématique garantit que les informations générées respectent les standards établis et répondent aux exigences spécifiques du projet, contribuant ainsi à la qualité globale du processus BIM.

Avantages et Objectifs Stratégiques

Optimisation des Processus Collaboratifs

L’ISO 19650 vise principalement à standardiser les processus et faciliter le travail collaboratif, deux objectifs qui se matérialisent en une série d’exigences communes qui optimisent l’efficacité opérationnelle5. La standardisation élimine les ambiguïtés dans la communication entre les parties prenantes, réduisant significativement les erreurs d’interprétation et les reprises de travail. Cette harmonisation des pratiques permet aux équipes multidisciplinaires de collaborer plus efficacement, indépendamment de leur localisation géographique ou de leurs outils logiciels préférés.

La norme facilite l’établissement de workflows cohérents qui améliorent la prévisibilité et la contrôlabilité des projets de construction. Les processus standardisés permettent une meilleure planification des ressources et une allocation plus efficace des responsabilités entre les différents acteurs du projet. Cette optimisation se traduit par une réduction des délais de livraison et une amélioration de la qualité des livrables finaux.

Amélioration de la Qualité et Réduction des Risques

L’implémentation de l’ISO 19650 garantit la qualité des processus digitaux en établissant des critères clairs pour la création, validation et échange d’informations1. Cette standardisation réduit les risques liés aux erreurs de communication et aux incohérences de données, problèmes fréquents dans les projets de construction complexes. La traçabilité améliorer des informations permet une identification rapide des problèmes et une résolution plus efficace des conflits.

La norme promeut également une approche proactive de la gestion des risques en établissant des procédures de vérification et validation à chaque étape du processus. Cette approche préventive permet d’identifier et de corriger les problèmes potentiels avant qu’ils ne se transforment en coûts supplémentaires ou en retards de projet. La standardisation des formats d’échange garantit également la pérennité des données et facilite la maintenance à long terme des actifs.

Impact Économique et Environnemental

BuildingSMART croit que des améliorations significatives en coût, valeur et performance environnementale peuvent être obtenues grâce à l’utilisation des standards OpenBIM dans la création et exploitation d’infrastructures civiles et bâtiments à travers le monde7. Cette conviction s’appuie sur des données empiriques démontrant que la standardisation réduit les coûts de projet grâce à l’élimination des reprises et à l’optimisation des processus.

L’impact environnemental positif résulte de l’optimisation de la conception et de l’exploitation des bâtiments, rendue possible par une meilleure gestion de l’information tout au long du cycle de vie des actifs2. La capacité à analyser et optimiser les performances énergétiques dès les phases de conception contribue significativement à la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments. De plus, la gestion optimisée de la maintenance grâce aux informations BIM prolonge la durée de vie des actifs et réduit les besoins de reconstruction.

Conclusion

L’ISO 19650 représente une évolution majeure dans la gestion de l’information de construction, établissant un framework complet pour l’implémentation du BIM dans un contexte de collaboration internationale. Cette norme internationale, structurée en cinq parties distinctes, couvre l’ensemble du cycle de vie des actifs construits, depuis la conception jusqu’à l’exploitation et la maintenance. Son intégration étroite avec les standards buildingSMART assure l’interopérabilité technique nécessaire pour une collaboration efficace entre tous les acteurs du secteur AECO.

La mise en place d’environnements communs de données (CDE) constitue l’un des piliers fondamentaux de cette approche, permettant une gestion centralisée et sécurisée de l’information tout en maintenant la traçabilité et la qualité des données échangées. Les processus de certification et d’implémentation, bien qu’exigeants, offrent aux organisations un cadre structuré pour adopter ces nouvelles pratiques et bénéficier des avantages considérables en termes d’efficacité, de qualité et de réduction des coûts.

L’impact de l’ISO 19650 dépasse le cadre purement technique pour transformer fondamentalement la culture collaborative du secteur de la construction. En promouvant la standardisation des processus et l’adoption de technologies interopérables, cette norme contribue significativement à l’amélioration de la performance économique et environnementale des projets de construction à l’échelle mondiale. Son adoption croissante, illustrée par les adaptations nationales comme la NBR ISO 19650 au Brésil, témoigne de sa pertinence et de son potentiel transformateur pour l’industrie de la construction du XXIe siècle.

Citations:

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  1. Publicly Available Specifications ↩︎

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