Connaissez-vous cette œuvre cinématographique universellement saluée comme culte ? 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick a indéniablement révolutionné le septième art et redéfini les codes de la science-fiction. Car c’est bien de science-fiction qu’il s’agit, même si cette classification semble réductrice face à l’ampleur philosophique du propos.
Pourquoi évoquer ce chef-d’œuvre sur un site consacré à la conception assistée par ordinateur et aux nouvelles technologies ? Précisément parce qu’au cœur des nombreuses interrogations métaphysiques que soulève ce film – sans jamais prétendre y répondre définitivement – se trouve cette question fondamentale : qu’est-ce qui constitue l’essence de l’humanité ?
Kubrick nous propose une genèse fascinante : l’émergence de l’humanité coïncide avec la naissance simultanée de l’outil, de la conscience et du langage. Mais imaginons un instant une humanité dotée uniquement de conscience et de langage, dépourvue de toute capacité technique. Pourrions-nous encore la qualifier d’humanité ? Sans doute pas. L’outil demeure le propre de l’homme.
Le réalisateur illustre cette thèse dans les séquences d’ouverture mémorables, où ce mystérieux monolithe noir semble insuffler aux proto-humains l’inspiration nécessaire à leur transformation progressive. Cette séquence saisissante – l’os qui devient outil puis, par un raccourci temporel vertigineux, vaisseau spatial – constitue probablement l’un des moments les plus singuliers de l’histoire du cinéma : des millénaires d’évolution condensés en quelques secondes d’une élégance narrative absolue.
Nous manipulons quotidiennement des outils, et depuis l’avènement de l’informatique, des outils logiciels – thématique centrale de ce site. Mais élargissons notre perspective : pourquoi avons-nous créé ces instruments ? Nous sont-ils véritablement indispensables ? Comment expliquer que la plupart des espèces animales n’aient pas développé cette capacité créatrice ? Quel dessein (Dessein-Tech ) sous-tend cette incessante production d’outils ?
Et cette question récurrente qui nous hante : ces créations sont-elles plus bénéfiques que néfastes ? Lorsque nous prenons le recul nécessaire, au-delà de nos logiciels quotidiens qui constituent nos outils contemporains, ces interrogations fondamentales émergent naturellement. Elles nous invitent à une salutaire remise en question et nous conduisent inévitablement vers l’interrogation ultime : vers quoi nous mène cette évolution technologique effrénée ?
Je vous laisse le soin de formuler vos propres réponses. Et si vous n’avez pas encore découvert 2001, l’Odyssée de l’espace, cette expérience s’impose comme une nécessité absolue. S’il ne devait subsister qu’une seule œuvre cinématographique dans votre existence, que ce soit celle-ci.
Le monolithe et le lien entre l’os et le vaisseau spatial sont des éléments centraux et profondément symboliques dans « 2001 : l’Odyssée de l’espace », qui interroge l’évolution de l’humanité.
Signification du Monolithe
Le monolithe est la clé du film et le point central autour duquel s’articule tout le récit. Il apparaît à l’homme à chaque moment clé de son existence et de son évolution.
- Au début de l’humanité (Premier acte) : Une tribu d’australopithèques découvre un monolithe noir mystérieux. Après l’avoir touché, l’un d’eux apprend à utiliser un simple os comme outil, d’abord pour assurer la survie du groupe, puis comme arme contre ses semblables. Le monolithe agit ici comme une source d’inspiration et une clé vers le progrès, permettant à l’homme d’évoluer au-delà de son statut animal.
- À l’ère spatiale (Deuxième acte) : Le Dr Heywood Floyd et d’autres scientifiques découvrent un monolithe similaire sur la Lune. Cet objet émet alors une puissante onde radio suraiguë en direction de Jupiter. Les scientifiques le touchent en miroir de leurs ancêtres simiesques, montrant que leur curiosité est restée la même. Le bruit strident qu’il émet peut être interprété comme un avertissement aux hommes, incapables de comprendre la nature du « don » qui leur est fait.
- Dans le voyage vers Jupiter (Troisième acte) : L’ordinateur HAL 9000, qui partage une forme rectangulaire avec le monolithe et est son « équivalent robotique », est au centre de l’action. Il représente un accomplissement vertigineux de l’intelligence humaine, mais devient aussi un instrument de mort. C’est en désactivant HAL que l’astronaute Bowman découvre le véritable but de sa mission : retrouver la trace de l’onde radioélectrique extraterrestre émise par le monolithe.
- La transformation finale (Quatrième acte) : En orbite autour de Jupiter, Bowman aperçoit un monolithe plus grand. En l’observant de plus près, il est aspiré dans un vortex lumineux, puis se retrouve dans une chambre d’hôtel où il vieillit et meurt. Un nouveau monolithe noir apparaît alors, et en le touchant, Bowman se transforme en un « fœtus stellaire » (Star-Child) et est téléporté près de la Terre. Ici, le monolithe agit comme une sorte de drogue, projetant Bowman dans un espace multidimensionnel et élargissant son champ des possibles, suggérant un cycle de vie ou une renaissance.
Le monolithe, avec sa haute valeur mystique voire religieuse, est un grand point d’interrogation qui symbolise une chance donnée aux hommes d’évoluer. Stanley Kubrick lui-même a déclaré que des « entités divines » utilisent le monolithe pour transformer Bowman en un « super-être » qui est renvoyé sur Terre, suivant un modèle mythologique. Margaret Stackhouse, dont les réflexions sur le film ont été très appréciées par Kubrick, considérait le monolithe comme une source de connaissances.
Le Lien entre l’Os et le Vaisseau Spatial
Le raccord le plus célèbre de l’histoire du cinéma établit le lien entre l’os jeté en l’air par l’australopithèque et un satellite artificiel en orbite. Cette transition visuelle rapide, en un « battement de cils », fait franchir des millénaires à l’humanité.
Cette séquence met en lumière plusieurs idées cruciales du film :
- L’Évolution Technologique et la Violence Humaine : L’os, devenu un outil grâce à l’influence du monolithe, est rapidement transformé en arme de survie, puis de violence inter-espèces. Le raccord avec le vaisseau spatial suggère que l’humanité, malgré son incroyable progrès technologique, n’a pas fondamentalement changé sa nature profonde, notamment sa propension à la violence.
- Le Cycle de la Création et de la Destruction : L’avenir de l’humanité est nécessairement lié à la fois à la création et à la destruction, l’une étant la conséquence irrémédiable de l’autre. L’os, symbole de la création de l’outil, devient une arme destructrice, et le vaisseau spatial, summum de la création technologique, peut également être associé à des concepts de guerre ou de domination (illustré par la guerre froide sous-jacente dans le film).
- La Futilité de l’Évolution Humaine : Le film suggère que le progrès technologique masque en réalité une « évolution humaine ratée ». Les discussions des Russes et des Américains dans le deuxième acte, où chacun cache ses véritables intentions, font écho aux cris et oppositions violentes des singes du premier acte. L’humanité a domestiqué sa sauvagerie mais semble rester au même point, le langage imposant une limite au progrès de l’intelligence collective.
En somme, l’os transformé en vaisseau symbolise la trajectoire de l’humanité : une capacité à innover et à créer, mais une incapacité persistante à se défaire de ses pulsions destructrices et de ses schémas répétitifs.
Le film 2001 l’Odyssée de l’espace:
- J’ai adoré
- J’ai rien compris
- C’est quoi l’histoire?
- Bof
Voir aussi: