En tant qu’ancien professionnel du secteur, je dois avouer que cette question de l’impact de l’IA sur nos métiers techniques me taraude particulièrement. Je vis quotidiennement cette révolution technologique, et force est de constater qu’elle bouleverse nos pratiques avec une rapidité déconcertante.
Je pense sincèrement que mon métier - comme celui de mes confrères dessinateurs projeteurs, BIM managers, architectes ou géomètres - se trouve à un moment charnière de son histoire. L’irruption de ChatGPT, tel un coup de tonnerre dans notre paysage professionnel, m’oblige à repenser fondamentalement ma pratique.
Néanmoins, je reste profondément convaincu que nos métiers ne disparaîtront pas purement et simplement. Au fil de ma carrière, j’ai acquis une expertise qui va bien au-delà de la simple maîtrise technique. Je pense notamment à cette capacité, forgée par l’expérience, à anticiper les problèmes, à gérer l’imprévu, à comprendre les besoins non exprimés d’un client.
Dans mon travail quotidien, j’ai constaté que l’intelligence artificielle devient progressivement un allié précieux. Elle m’aide à automatiser certaines tâches répétitives, à optimiser mes calculs, à générer rapidement différentes variantes de conception. Mais elle ne remplace pas - et je doute qu’elle puisse un jour remplacer - cette intuition professionnelle que j’ai développée au fil des années.
Je vois plutôt l’avenir de mon métier comme une évolution vers une forme plus sophistiquée de ma pratique. Un peu comme l’arrivée de la CAO n’a pas tué mon métier mais l’a transformé, je pense que l’IA va nous permettre de nous concentrer sur les aspects les plus créatifs et stratégiques de notre travail.
Je dirais même que c’est une opportunité excitante. En nous libérant des tâches les plus répétitives, l’IA nous permet de consacrer plus de temps à ce qui fait la véritable valeur ajoutée de notre métier : lacapacité à innover, à proposer des solutions créatives, à gérer la complexité des relations humaines dans les projets.
Bien sûr, cela implique que nous continuions à nous former, à nous adapter, à faire évoluer nos compétences. Mais n’est-ce pas là l’essence même de nos métiers techniques ? Cette capacité d’adaptation permanente, cette curiosité intellectuelle qui nous pousse à nous réinventer sans cesse ?
Je reste donc résolument optimiste, tout en restant lucide sur les défis qui nous attendent. L’IA ne nous remplacera pas, mais elle nous obligera à évoluer, à nous réinventer, à repenser nos pratiques professionnelles. Et c’est précisément ce défi qui stimule et passionne.