Ce document de la Commission européenne daté d’octobre 2025 présente une stratégie complète pour l’application de l’intelligence artificielle (IA) au sein de l’Union européenne.
[!Success] Ecoutez le débat
L’Annexe 1 récapitule les nombreux dialogues structurés sectoriels tenus, impliquant des parties prenantes et des experts dans divers domaines comme la mobilité, l’énergie, et la santé, pour éclairer cette stratégie.
L’Annexe 2 détaille les initiatives internes de la Commission visant à garantir un développement et un déploiement de l’IA licites et fiables, incluant l’élaboration de lignes directrices, la création d’un registre interne des systèmes d’IA, et des programmes de formation spécifiques.
Enfin, l’Annexe 3 énumère une série d’actions phares et d’actions pertinentes avec des dates cibles pour des secteurs stratégiques spécifiques tels que les soins de santé, la robotique, la défense, et les secteurs de la culture, visant à promouvoir l’adoption, la confiance et le leadership de l’UE dans l’écosystème de l’IA.
cellar_194ae542-a421-11f0-97c8-01aa75ed71a1.0004.02_DOC_1.pdf (444,3 Ko)
cellar_194ae542-a421-11f0-97c8-01aa75ed71a1.0004.02_DOC_2.pdf (205,2 Ko)
L’Europe et l’IA : Le plan pour transformer notre quotidien
Introduction : Pourquoi l’Europe mise-t-elle sur l’Intelligence Artificielle ?
L’Intelligence Artificielle (IA) est une technologie révolutionnaire qui progresse à une vitesse fulgurante. Elle a le potentiel de transformer en profondeur nos industries, de moderniser nos services publics et d’améliorer notre quotidien. Pour l’Union européenne, l’IA représente une opportunité unique de stimuler l’innovation, d’augmenter la productivité et de renforcer sa compétitivité sur la scène mondiale.
Pourtant, l’Europe fait face à un paradoxe. Malgré une base industrielle solide et un écosystème de start-ups dynamique, l’adoption de l’IA reste faible. Seuls 13,5 % des entreprises de l’UE et, plus inquiétant encore, seulement 12,6 % des Petites et Moyennes Entreprises (PME) — qui sont le pilier de notre économie — utilisent ces technologies.
Face à ce constat, l’Union européenne a défini une vision claire : encourager une approche « priorité à l’IA » qui soit à la fois centrée sur l’humain, digne de confiance et respectueuse de nos valeurs. L’objectif est de libérer le potentiel de l’IA pour le bien de tous, tout en renforçant la souveraineté technologique de l’Europe pour ne pas dépendre de solutions conçues ailleurs. Cette stratégie s’intègre d’ailleurs dans un écosystème plus large, complétée par des plans pour l’IA dans la science et pour une union européenne des données.
Pour réaliser cette ambition, la Commission européenne a bâti sa stratégie sur trois piliers fondamentaux.
1. La stratégie européenne en trois grands axes
- Des initiatives phares par secteur : Pour stimuler l’utilisation de l’IA dans les domaines clés de notre économie et de nos services publics.
- Des solutions aux défis communs : Pour aider les PME, former la main-d’œuvre, développer une IA de pointe et garantir la confiance.
- Une gouvernance unifiée : Pour assurer une collaboration efficace entre tous les acteurs et suivre les progrès réalisés.
Voyons maintenant comment ce plan se traduira concrètement dans des secteurs qui nous touchent tous.
2. L’IA en action : Des projets concrets pour changer nos vies
La Santé : Des diagnostics plus rapides et des traitements innovants
- Le Défi : Les systèmes de santé subissent une pression croissante. L’accès aux soins de qualité est inégal, notamment dans les zones rurales ou isolées où les spécialistes et les équipements de diagnostic peuvent manquer.
- La Solution IA :
- Centres de dépistage avancés : Mettre en place des centres qui utiliseront l’IA pour améliorer la détection précoce de maladies graves comme le cancer et les maladies cardiovasculaires. Cela permettra d’accélérer le diagnostic et d’améliorer les chances de guérison.
- Découverte de médicaments : Lancer un « défi de découverte de médicaments grâce à l’IA » pour accélérer la recherche et trouver de nouveaux traitements contre des maladies complexes comme la maladie d’Alzheimer ou certains cancers.
L’Agroalimentaire : Une agriculture plus précise et durable
- Le Défi : De nombreux agriculteurs hésitent à adopter l’IA. Ils sont confrontés à un manque de données de qualité, à la complexité des outils disponibles et à une méfiance générale envers une technologie qu’ils ne maîtrisent pas.
- La Solution IA :
- Plateforme d’IA agroalimentaire : Créer une plateforme unique qui facilitera l’accès des agriculteurs à des outils d’IA spécialisés et fiables. L’objectif est de simplifier l’utilisation de ces technologies et de renforcer leur confiance pour une agriculture plus efficace et respectueuse de l’environnement.
La Mobilité : Des transports plus sûrs et plus fluides
- Le Défi : Le déploiement de véhicules entièrement automatisés est freiné par des obstacles réglementaires complexes et un manque de confiance de la part du public et des autorités.
- La Solution IA :
- « Autonomous Drive Ambition Cities » : Lancer une initiative pour accélérer le déploiement de services de transport autonomes (comme les « véhicules robotisés ») dans les villes européennes, en s’appuyant sur les « fabriques d’IA » pour développer les modèles innovants nécessaires. Cela permettra de tester ces technologies en conditions réelles et de démontrer leurs bénéfices en matière de sécurité et de fluidité du trafic.
La Culture et les Médias : Une créativité augmentée et accessible
- Le Défi : L’adoption de l’IA est très inégale dans les secteurs créatifs. De plus, de fortes inquiétudes existent concernant l’utilisation non autorisée de contenus protégés par le droit d’auteur pour entraîner les modèles d’IA, ce qui peut avoir une incidence négative sur la diversité culturelle, la créativité et la pluralité des médias.
- La Solution IA :
- Microstudios de production virtuelle : Soutenir la création de studios spécialisés qui utiliseront l’IA pour développer des contenus innovants et immersifs (effets spéciaux, narration interactive).
- Plateformes d’information multilingues : Utiliser l’IA pour traduire et diffuser plus largement des actualités provenant de médias professionnels à travers toute l’UE, renforçant ainsi l’accès à une information diversifiée.
Le succès de ces projets, qu’il s’agisse des centres de dépistage en santé ou de la plateforme agroalimentaire, dépend directement de la capacité de l’Europe à surmonter des défis communs : comment embarquer les PME, former les talents et bâtir une IA souveraine et digne de confiance.
3. Les fondations du succès : Relever les défis pour tous
Pour que l’IA profite à tous, la Commission a identifié quatre domaines d’action prioritaires qui s’appliquent à l’ensemble des secteurs.
Aider les petites et moyennes entreprises (PME)
- Le Problème : Les PME, qui forment l’essentiel du tissu économique européen, peinent à adopter l’IA, qu’elles jugent souvent trop complexe, trop coûteuse ou inadaptée à leur taille.
- La Solution : Déployer un réseau de « pôles européens d’innovation numérique ». Ces centres locaux serviront de guichets uniques où les PME pourront tester des technologies, recevoir des conseils impartiaux et obtenir de l’aide pour intégrer des solutions d’IA européennes dans leurs activités.
Former une main-d’œuvre prête pour l’IA
- Le Problème : L’IA transforme le monde du travail. Il est crucial d’adapter les compétences des travailleurs pour qu’ils puissent saisir les nouvelles opportunités et ne pas être laissés pour compte.
- La Solution : Créer une « Académie des compétences en matière d’IA ». Elle proposera des formations pratiques et certifiantes, adaptées aux besoins de chaque secteur, pour permettre aux employés de se perfectionner ou de se reconvertir professionnellement.
Développer une IA européenne de pointe
- Le Problème : Pour garantir sa souveraineté technologique et sa compétitivité, l’Union européenne doit être capable de développer ses propres modèles d’IA avancés, appelés « IA d’avant-garde ».
- La Solution : Lancer l’« initiative sur l’IA d’avant-garde ». Elle réunira les meilleurs chercheurs et industriels européens pour accélérer la recherche et le développement dans ce domaine stratégique, en tirant parti des capacités informatiques offertes par les fabriques et gigafabriques d’IA.
Garantir la confiance dans le marché
- Le Problème : L’incertitude juridique autour du nouveau « règlement sur l’IA » freine les entreprises, qui hésitent à investir sans savoir précisément quelles seront leurs obligations.
- La Solution : La Commission va intensifier ses efforts pour clarifier les règles. Elle publiera des lignes directrices claires, notamment pour aider les entreprises à déterminer si leur système d’IA est considéré comme à « haut risque » et quelles sont les règles à respecter.
Pour orchestrer tous ces efforts et s’assurer que tout le monde avance dans la même direction, un système de pilotage clair a été mis en place.
4. Qui pilote le projet et comment ?
Pour piloter cette stratégie de manière collaborative, la Commission a mis en place un dialogue ouvert et un suivi rigoureux. L’actuelle « Alliance pour l’IA » sera transformée en un grand forum de coordination. Cet espace permettra à toutes les parties prenantes (entreprises, associations, société civile, universités) de participer activement, d’échanger leurs points de vue et de dialoguer directement avec les responsables politiques. L’alliance travaillera en étroite collaboration et en complémentarité avec les autres consultations sur l’IA, servant de point d’entrée pour faire remonter les obstacles et les opportunités de chaque secteur.
En parallèle, un « Observatoire de l’IA » sera créé. Sa mission sera de collecter des données et d’utiliser des indicateurs précis pour mesurer l’impact réel de l’IA dans les différents secteurs, suivre les nouvelles tendances technologiques et évaluer les changements sur le marché du travail. Ces analyses permettront d’ajuster la stratégie en continu et de s’assurer qu’elle atteint ses objectifs.
Grâce à cette stratégie complète et collaborative, l’Union européenne se donne les moyens de ses ambitions.
5. Conclusion : Bâtir un avenir avec une IA européenne et fiable
La stratégie européenne pour l’IA est avant tout un plan d’action pragmatique. Son but est d’aider les entreprises, et en particulier les PME, ainsi que le secteur public, à intégrer concrètement l’IA pour gagner en efficacité et en compétitivité. En proposant un modèle clair pour le déploiement de solutions d’IA et en encourageant un dialogue permanent avec tous les acteurs, ce plan vise à créer un cercle vertueux. L’objectif final est de faire de l’Europe un véritable « continent de l’IA », où l’innovation technologique est un moteur de progrès au service des citoyens et en accord avec les valeurs européennes.