Je propose une perspective personnelle sur l’avenir de l’intelligence artificielle et son rapport avec l’intelligence humaine.
Je remets en question l’idée popularisée, par exemple par Yann Le Cun, selon laquelle le but ultime de l’IA serait de reproduire ou de surpasser le cerveau humain en lui adjoignant des capteurs sensoriels et une mémoire permanente, arguant que cette vision est inadéquate et peu pertinente.
On doit changer radicalement la façon d’aborder l’évolution de l’intelligence artificielle, et sur ce point, je suis d’accord avec lui. Mais on ne peut pas la changer pour lui faire rassembler à l’intelligence humaine, car l’intelligence humaine ne peut pas être un modèle, c’est le résultat de l’évolution de l’Humanité, mais ce n’est pas un résultat pensé, alors que l’intelligence artificielle est précisément tout le contraire.
Au lieu de cela, je suggère de considérer l’IA comme un outil complémentaire visant à augmenter les capacités humaines plutôt qu’à les remplacer. Cette approche est illustrée par le concept d’« homme augmenté » par opposition à celui de « machine augmentée », soulignant l’importance de la synergie entre l’humain et la technologie. Je réfute par ailleurs les scénarios de science-fiction alarmistes prédisant une compétition homme-machine ou une domination des machines, les qualifiant de spéculatifs et fondamentalement impossibles. On a déjà vu des créations technologiques mettant en danger son créateur, mais on n’en a jamais vu le remplaçant; c’est un fantasme.
Pour étayer mon propos, j’utilise l’exemple des programmes de jeu d’échecs comme Deep Blue, démontrant que la force de l’IA réside dans sa capacité à effectuer des calculs à une échelle inatteignable pour l’homme, plutôt que dans l’imitation de l’intelligence humaine. En effet, si ce programme informatique avait réussi à imiter les plus grands maîtres aux échecs, il ne pourrait pas quasi systématiquement les battre, par définition. Ce n’est donc pas du tout ainsi qu’il fonctionnent.
Cette différence est quantitative plutôt que qualitative, mettant en évidence que la supériorité de l’IA est une question de vitesse de calcul et donc de force brute exploitant des masses, donc des quantités de données, et non pas tentant d’imiter un certain type d’intelligence.
Je soutiens fermement que l’avenir de l’intelligence artificielle ne peut pas résider dans le fait de tenter d’imiter le cerveau humain. D’une part, cela ne paraît guère possible à échéance humainement envisageable, les capteurs biologiques n’étant pas le propre de l’intelligence artificielle, d’autre part, ce n’est guère souhaitable, tout simplement parce qu’il ne sert à rien d’imiter ce qui existe déjà. Singer n’est certainement pas preuve d’intelligence.
Cette approche de l’homme augmenté pourrait guider le développement de l’IA vers des applications plus bénéfiques et moins controversées, en favorisant une collaboration harmonieuse entre l’homme et la machine plutôt qu’une compétition stérile ou une tentative infructueuse de reproduction de l’existant.